mercredi 4 février 2009

La corruption des gouvernements selon la DDHC



La Liberté est affaire de Conscience, de Connaissances, de responsabilités et donc de vertus.

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, commence par un préambule. Principe qui a d’ailleurs été repris par la Constitution de 1958. Quelle est la fonction de ce préambule ? Cette fonction consiste à exposer des principes fondamentaux sous la forme de postulats qui serviront de socle à l’édifice intellectuel sur lequel il va reposer. Plus cet édifice sera ambitieux dans son architecture, plus sa fondation devra avoir la solidité nécessaire pour le supporter. Même si les fondations d’un édifice ne sont pas visibles à l’oeil nu, cela ne diminue en rien leur importance fondamentale pour la pérennité de l’ouvrage, et l’interaction qu’il y aura entre l’amplitude visible de la construction et sa base occulte. Ceci pour dire que si chaque article de la DDHC est d'une importance capitale, le préambule possède lui aussi ce degré d'importance.

Le préambule de la DDHC de 1789, commence par poser comme première base, le principe même des malheurs publics qui a toujours pour cause la corruption des gouvernements :

Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes de malheurs publics et de la corruption des gouvernements...

Ce principe n’est pas une simple litote, figure de style qu’affectionne la gent politique par sa pratique de la langue de bois, mais est ici le constat objectif effectué par des esprits compétents et éclairés, basé sur une longue expérience historique. Si nous devons juger l’arbre à ses fruits et l’homme à son parcours, nous devons pareillement juger une organisation sociale à son histoire. À l’aune de ce critère, force est de constater qu’il est dans la nature même des gouvernements, de se corrompre par ivresse du pouvoir, comme le plongeur peut succomber à l’ivresse des profondeurs, et l’alcoolique à l’ivresse de son breuvage dès lors qu’il en use sans discernement ni pondération.

Personnellement je suis profondément admiratif de la pureté et de la simplicité de cette formulation , à laquelle nos illustres aïeux sont parvenus, pour définir avec une redoutable précision le principe causal et presque universel de la corruption des gouvernements.

L’ignorance des droits de l’homme, figure en première place. Tout comme cette ignorance figure en tête des douze péchés hermétiques. Voilà qui indique une élévation intellectuelle et spirituelle particulièrement inattendue et inusitée dans le monde politique. C’est aussi une condamnation future envers tous ceux qui utiliseront cette ignorance pour tenter de se soustraire aux nobles servitudes de cette Déclaration. L’état de corruption d’un gouvernement repose bien évidemment sur son ignorance des droits de l’homme - bien qu’il soit difficilement concevable que la chose soit aujourd’hui possible -, mais elle repose aussi sur l’état d’ignorance dans lequel le peuple est volontairement maintenu, par ce gouvernement, et concernant ses droits légitimes... Comme j’ai déjà eu souvent l’occasion de le dire, le meilleur moyen pour un gouvernement de maintenir un peuple en servitude, c’est de faire en sorte qu’il soit maintenu dans l’ignorance de ses droits.

Comme il est dans l’ordre des choses que ce soit au gouvernement qu’échoie la responsabilité d’éduquer les générations montantes dans la connaissance de leurs droits, le degré de corruption de ce gouvernement et de la technostructure qui le sert, s’appréciera au degré d’ignorance dans lequel sera la population dont il a la responsabilité. Lorsque l’on constate la profonde ignorance dans laquelle se trouve chaque citoyen de ce pays, incapable de connaître le contenu de la DDHC de 1789, au-delà de la première phrase de l’article premier, il est aisé de constater que d’une part, cet état d’ignorance est un moyen qui a été constamment utilisé par les gouvernements antérieurs jusqu’à l’actuel ; et d’autre part, qu’il constitue une première preuve accablante de cette corruption généralisée.


L’oubli des droits de l’homme, figure en deuxième place. Un adage dit que les peuples qui ne se souviennent pas de leur histoire sont condamnés à la revivre une nouvelle fois. J.-J. Rousseau disait aussi : un peuple ne conquiert pas deux fois sa liberté. On peut acquérir la liberté, mais on ne la recouvre jamais ! Difficile de dire qu’un gouvernement qui utilise l’ignorance comme moyen de gouvernance, ne se rend pas responsable et coupable de l’oubli des droits de l’homme lorsqu’il fait en sorte que tout soit fait pour faire ramener la DDHC 1789, à une simple péripétie historique respectable, mais sans grand intérêt ni aucune application pratique pour l’histoire présente. Lorsque tous les citoyens ne connaissent que très imparfaitement les 17 articles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, il est difficile d’imaginer, lorsqu’ils seront en situation de pouvoir s’en servir, qu’ils puissent s’en souvenir... Nous verrons par la suite les redoutables conséquences qu’ont cette ignorance et cet oubli pour le corps social dans son ensemble et la justice en particulier.

Le mépris des droits de l’homme... La grandeur et la noblesse de nos aïeux se retrouvent dans cette admirable et ô combien juste définition. Ce qui caractérise le plus les gouvernements corrompus réside bien dans ce mépris hautain et suffisant d’une caste dirigeante se croyant vaniteusement supérieure. C’était le cas de l’aristocratie sous l’ancien régime ; c’était aussi le cas de la nomenklatura dans les régimes communistes ou totalitaires; c’est toujours le cas, dans une République dévoyée, de cette caste de technocrates et de fonctionnaires qui en constituent la technostructure. Ils sont depuis belle lurette passés du service de la République à celui qui consiste à se servir de la République.

Le mépris des gouvernements repose essentiellement sur l’existence des privilèges. C’est pour cette indiscutable raison que nos parlementaires historiques, dans une vision lumineuse et généreuse, ont légitimement considérés qu’il ne pouvait y avoir respect et pratique des droits de l’homme avec le maintien des privilèges. Les discussions parlementaires qui ont précédées l’adoption de la DDHC sont à couper en deux parties inégales. La première avant le 4 août 1789, et la deuxième après ce 4 août. Cette distinction a été soulignée par ce qu’en disait Camille Desmoulins :

“C’est la nuit de 4 août qui a réintégré les Français dans les droits de l’homme, qui a déclaré tous les citoyens égaux, également admissibles aux dignités, aux emplois publics, qui a arraché tous les offices civils, ecclésiastiques ou militaires à l’ARGENT, à la naissance et au prince pour la donner à la nation et au mérite.”

Ceci veut dire qu’un ou des gouvernements qui se rendraient coupables de la moindre reconstitution de privilèges seraient bien évidemment profondément corrompus, mais en plus illégitimes comme j’aurai l’occasion de le développer dans les articles ultérieurs. Cette corruption est aujourd’hui tellement pratiquée par nos gouvernements qu’elle en est devenue la norme. Le peuple est tellement dans l’ignorance de ses droits, qu’il en a perdu toute faculté d’indignation et de révolte. Ses représentants parlementaires, qui sont à l’image des électeurs, ne sont pas davantage compétents dans la pratique, la défense et le respect de cette Déclaration, comme le démontrent les lois qu'ils rédigent et surtout qu'ils acceptent de voter...

L’artifice utilisé par nos gouvernements, pour se soustraire aux nobles servitudes qui découlent de la DDHC de 1789, a été de corrompre le corps électoral en lui promettant, comme dans la Rome antique, du pain et des jeux, qui se traduisent aujourd’hui par des biens matériels de piètres utilités et des loisirs crétins, en contrepartie de la perte de la liberté individuelle qui elle, repose sur la Justice, et dont le périmètre est rigoureusement balisé par la DDHC de 1789. En laissant en déshérence les acquis de la Déclaration des Droits de l’homme de 1789, le peuple se laisse amputer de sa liberté, de sa souveraineté, et devient l’artisan et le complice passif de son propre malheur. Indépendamment du fait, qu’en acceptant cette déshérence, par faiblesse, paresse et/ou ignorance, il se rend indigne de cet héritage glorieux ; en outre, il ne pourra pas transmettre, sans de graves altérations, aux générations suivantes ce qu’il n’a reçu qu’à titre temporaire.

l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes de malheurs publics et de la corruption des gouvernements.

Essayez de faire l’effort de comparer le gouvernement qui est le nôtre, au travers de ses actions, ses lois, son administration et de sa politique, à ce principe édicté dans le préambule de la DDHC , et vous saurez s’il est corrompu ou non. Personnellement je considère qu’il s’agit d’un des plus corrompus, mais cela vient probablement du fait que je connais aussi les autres articles de cette Déclaration et leurs implications politiques, culturelles et sociales...

Ceux qui pensent encore que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, relève d’un folklore suranné, risquent de découvrir à quel point ils se sont laissé berner par la dépossession d’un des plus grands acquis de l’humanité au profit d’une “démocratie” de pacotille.

Mais, comme j’ai coutume de le dire, pour que le vice puisse occuper durablement le pouvoir qu’il usurpe, il doit d’abord se travestir en vertu...


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